🐟 Avant le plongeon

« This is not a talk about the importance of failure. Nor is it about leaning in. I tell you the story of how I ran for Congress because I was 33 years old and it was the first time in my entire life that I had done something that was truly brave, where I didn't worry about being perfect.
Hola ! Me voici donc de retour dans le bassin, bouée à la taille et brassards aux bras. Pour cette édition, j’ai eu envie de me (re)pencher sur la question du non-choix en gardant un format hybride mêlant article & entretien. Le sujet du jour parlera surement à certain·es d’entre vous : le perfectionnisme.
Qu'est-ce donc ce trait de personnalité dont nous parlons si souvent et quelles implications a t-il sur notre prise de décision ? Y a t-il un remède à la perfection ?
3,2,1, plongez 🏊‍♀️
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💡L’apprentissage de l’imperfection par Tal Ben-Shahar

Snack break – on – de l’immobilité à la flexibilité
Je te propose en guise d’échauffement de commencer avec un peu de théorie. Prêt·e ?
L’auteur du jour est Tal Ben-Shahar. Cet homme est un peu au bonheur ce qu’Ellen MacArthur est à la voile : une référence. Sacré champion de squash d’Israël dans sa jeunesse, Tal voit sa carrière et ses rêves de sportif s’envoler après plusieurs blessures. Il se tourne alors vers la psychologie pour y découvrir – entre autres mécanismes – le perfectionnisme. Le sujet résonne fortement avec son expérience personnelle, ce qui explique certainement la passion qu’il lui voue. De là sortiront moult livres, podcasts, MOOCS et autres supports d’apprentissages pour perfectionnistes en quête de rémission – dont il fait partie.

First things first: e· perfectionniste, kesako ?

Le portait que nous dresse Tal du perfectionniste est celui d’un parfait manichéen. Roi de la dualité, adepte du tout ou rien, seules deux options lui semblent acceptables dans la vie : l’échec ou la réussite.
Aujourd’hui champion de ce qu’il a nommé optimalisme, Tal est le premier à remettre en question l’image que nous avons du bonheur, supposément composé de perfection et de joie constante. Pour lui, c’est effectivement dans cette conception déformée que sont enfouies les graines de notre perfectionnisme.
« Mes interlocuteurs déclaraient souvent ne pas être heureux ; mais quand ils me décrivaient leur vie, leurs sentiments plus en détail, il devenait évident qu'en fait ce qu’ils voulaient dire, c'est qu’ils n’étaient pas heureux tout le temps. En second lieu, on me faisait remarquer que moi-même je ne respirais pas la joie de vivre comme on aurait pu s’y attendre de la part d’un “spécialiste du bonheur". Et quand j'évoquais mes échecs, mes craintes, on s’étonnait que je me considère comme heureux en dépit de ces aspects négatifs. Ce qui sous-tend ces deux réactions, c'est l’hypothèse selon laquelle les gens vraiment heureux sont, on ne sait trop comment à l’abri de la tristesse, de la peur ou de l'angoisse, qu’ils ne connaissent ni échecs ni déconvenues. »
Considérer nos vies par le prisme de l’imperfection semble donc aller à l’encontre de ce que sont nos existences emplies de hauts et de bas, tout comme le fait d’ignorer les émotions liées à ces évolutions.

« La Nature, pour être commandée, doit être obéie » Bacon

Mais si être perfectionniste équivaut à refuser le compromis, que signifie donc son antonyme : optimaliste ? Cet (affreux) néologisme désigne tout simplement une personne qui accepte l’échec – qu’elle le comprenne ou non –, et le transforme en apprentissage.
« La différence essentielle entre le perfectionniste et optimalisée est que le premier refuse principalement la réalité tandis que le second l’accepte […]. Le perfectionniste croit que, être heureux, c'est passer sans interruption d’une émotion positive à l'autre. Il refuse les émotions négatives […]. L’optimaliste, lui, accepte le fait que les émotions négatives sont inévitables. Matt, qui croyais que, du moment qu’on était prof de bonheur, on devait irradier la joie de vivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre, n’exprimait pas seulement une idée irréaliste, mais aussi une véritable recette du malheur. »
Bien que simple, cette dichotomie entre les deux personnalités (perfectionniste / optimaliste) est, pour Tal, ce qui explique nos différences structurelles face à diverses situations au sens où le perfectionniste tend à éviter l’échec alors qu’il n'est qu’une donnée sur le radar de l’optimaliste au moment où il se lance dans un projet.

“Non, Sisyphe n'est pas un homme heureux” Tal Ben-Shahar

Tal associe le perfectionniste et l’optimaliste à deux figures mythologiques, à savoir Sisyphe et Ulysse. Le premier passe son temps à rouler sa pierre au sommet d’une montagne. Une fois arrivé au sommet, il “ne s’en réjouit pas”, insatisfait du résultat qui lui semble insuffisant. En revanche, deuxième met certes des années à rentrer chez lui, mais célèbre systématiquement ses succès – petits ou grands. Ces différences d’approche changent sensiblement le ressenti de chacun, et les ascenseurs émotionnels de Sisyphe ne sont rien comparés aux déboires d’Ulysse, pourtant encore optimiste dans son malheur. C’est de ce dernier que Tal nous enjoint de nous inspirer.
Snack break – over🐚
 
Quand je pense à mes rêves d’enfant
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🐠 Pourquoi ça nous intéresse ?

Quel flexeur es-tu ?
La lecture de L’apprentissage de l’imperfection a fortement résonné dans mon petit cœur d'ex-perfectionniste. Je me suis bien souvent demandée en quoi le syndrome du bon élève entrait en jeu lorsqu’on pensait à l’orientation. Après tout, comme je le mentionnais la dernière fois, il me semble que la majorité des perdu·es d’aujourd'hui ne sont tout autre que les bons élèves d’hier. Et en tant que tel·le, l’échec ne fait que peu ou pas partie de notre horizon des possibles. Comment composons-nous donc avec cette donnée ? Et si cela touchait aussi notre conception de carrière ?
La peur de l’échec n’est pas nouvelle. L’approche qu’en propose Tal Ben-Shahar est d’ailleurs relativement similaire aux credos coup de poing qui circulent dans le monde entrepreneurial (les superbes “I never fail, I either win or learn” empruntés à Mandela).
En un sens, cette quête de l’imperfection semble aussi fortement liée à celle de la confiance en soi. Louie Media y dédie d’ailleurs un podcast dans lequel on explore les mécanismes de la construction de la confiance en soi. On y rencontre entre autres invités Navo, un des créateurs de la série Bref, adepte de Bons Moments aux côtés de Kyan Khojandi, et connu pour sa légendaire confiance en soi. Navo fait partie de ceux qui ont su forger leur voie le jour où la question du choix d’orientation s'est présentée : à 16 ans, il quitte le lycée.
« En fait il y a un moment dans la vie où on te demande ce que tu veux faire et c'est vraiment le moment où tu n'en as aucune idée et on te dit "tout se joue maintenant"» Navo pour Louie Media
En attendant de rencontrer Kyan pour devenir “les auteurs de Bref”, Navo se teste et expérimente différents métiers, confiant et conscient qu’un jour il arriverait à ses fins.
Inversement, on observe des cohortes de personnes nourrissant un rêve sans se lancer. Serait-ce uniquement par peur de ne pas réussir ?
« Ça fait des années que j’ai cette idée de monter mon business de brocante. Je cherche juste un nom pour commencer. J’ai besoin d’une tablette aussi pour faire mes premiers essais de logo. Tant que j’ai pas ça je peux pas ouvrir d’insta… »
De même que l’herbe est plus verte sur le côté, elle semble aussi plus fournie dans notre esprit qu’en vrai.
Notre cher Tal le dit bien du perfectionniste :
« il se met à fuir la difficulté, les activités comportant un risque d’échec. Et quand il lui arrive de manquer son coup, de se retrouver face à face avec ses imperfections bien humaines, il est catastrophé, ce qui ne fait que renforcer sa terreur de l'échec qu’il pense inévitable. »
 

👀 So what ?

En fait, apprendre à composer avec la notion d’imperfection serait donc LA recette magique pour progresser. Perso, je le vois surtout comme une gentille injonction à savoir dire “fuck it”, dédramatiser, et y aller.
« What we don’t realize is that there is a fine art of non-fuck-giving. People aren’t just born not giving a fuck. In fact, we’re born giving way too many fucks. » Mark Manson
Pour moi ça se traduit par une phrase que je me répète dès que j’intègre une nouvelle structure :
« Maintenant qu’ils m’ont dit oui, c’est à leurs risques et périls »
Simple. Basique diraient certains, mais efficace. De cette manière, j’occulte tout enjeu de réussite pour laisser la place au fun.
 

🛠 Quelques ressources avant de se quitter

👉 Si tu as du temps devant toi une “petite” vidéo de 2h par Tal Ben-Shahar intitulée Positive Psychology: The Science of happiness
👉 Si tu as encore plus de temps devant toi, tu peux aussi aller regarder son cours en ligne “How to be Happy” disponible sur Open Culture
👉  How craving attention makes you less creative, le TedX de Joseph Gordon Levitt qui parle de l’effet que peut avoir le regard des autres sur notre potentiel créatif (applicable à toute situation)
👉 Parce qu’il m’arrive d’être corps de temps en temps : si tu as une idée et que tu n’oses pas te lancer (perfectionnisme tu connais), tu peux tenter l’aventure du Sprint. Ce sont 6 semaines en groupe pour (te) tester et voir si la posture entrepreneuriale te convient
👉 L’article The subtle art of not giving a fuck par Mark Manson (à l’origine du best-seller du même nom)
👉  Le défi imperfection des Joyeux Audacieux pour apprendre à lâcher prise en groupe pendant un mois (prochain départ à l'automne)
👉  Teach girls bravery not perfection par Reshma Saujani
👉  L’apprentissage de l’imperfection écrit par Tal Ben-Shahar
👉 Une petite séance de méditation sur Petit Bambou pour aligner tous ses chakras
👉  La toolbox de l’orientation dans laquelle j’ai listé les outils & ressources que j’utilise pour réfléchir à mon avenir
 

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À très vite pour un nouveau plongeon 🐋